Cinq points positifs et quatre motifs d’inquiétude tirés de la première enquête officielle sur la santé en Inde depuis dix ans

Le ministère de la santé et du bien-être familial a finalement publié mardi les résultats de la quatrième enquête nationale sur la santé des familles (NFHS), principale source de données sur la santé publique en Inde. L’enquête NFHS-4, qui doit être menée tous les cinq ans, a été interrompue dix ans plus tard en raison de divergences d’opinion entre le gouvernement et ses partenaires.

Néanmoins, les nouvelles données constituent une riche source d’informations sur les indicateurs de santé publique et une mesure importante du succès et de l’échec des interventions gouvernementales au cours de la dernière décennie.

Tout d’abord, les bonnes nouvelles (pour la plupart).

1. Sur la plupart des indicateurs clés de santé publique, tels que la mortalité infantile, la mortalité maternelle, les mariages d’enfants, les grossesses précoces, la vaccination des enfants et les accouchements en institution, la NFHS fait état d’améliorations au cours des dix années écoulées entre 2005-06 et 2015-16.

2. La nutrition des enfants s’est nettement améliorée et la proportion d’enfants souffrant d’un retard de croissance (taille inférieure à la taille attendue pour l’âge) et d’une insuffisance pondérale (poids inférieur au poids attendu pour l’âge) a diminué. Toutefois, la proportion d’enfants émaciés (poids inférieur au poids attendu pour la taille) et gravement émaciés a augmenté.

La prévalence d’un faible IMC (indice de masse corporelle) chez les hommes et les femmes adultes a également diminué.

3. L’enquête NFHS a enregistré une forte augmentation de la proportion de personnes couvertes par une assurance maladie ou un régime de santé, qui est passée de moins de 5 % en 2005-2006 à près de 30 % en 2015-2016.

4. La proportion de femmes qui participent aux décisions du ménage et disposent d’un compte bancaire a augmenté, et la proportion de celles qui ont déclaré avoir subi des violences conjugales a diminué.

5. La consommation d’alcool et de tabac a diminué.

Maintenant, les nouvelles inquiétantes.

1. Le recours à la planification familiale a encore diminué au cours des dix dernières années, et aujourd’hui, à peine la moitié des femmes en âge de procréer utilisent une méthode contraceptive, quelle qu’elle soit ; la stérilisation féminine reste le choix le plus courant, avec plus d’un tiers des femmes interrogées déclarant utiliser cette méthode.

2. Près d’une femme urbaine sur trois et d’un homme urbain sur quatre sont aujourd’hui obèses, ce qui représente une augmentation significative au cours des dix dernières années. Le NFHS définit l’obésité comme un indice de masse corporelle (rapport poids/taille) supérieur ou égal à 25 kg/m2.

3. L’Inde progresse très lentement dans la lutte contre l’anémie. Si l’anémie chez les enfants âgés de 6 mois à 5 ans est passée de près de 70 % en 2005-2006 à environ 60 % aujourd’hui, ce chiffre reste alarmant. Les progrès ont été encore plus modestes dans la lutte contre l’anémie chez les adultes ; 53 % des femmes (dont 50 % des femmes enceintes) sont anémiques, de même que 23 % des hommes, et la situation ne s’est guère améliorée au cours de la dernière décennie.

4. Alors que l’Inde a réalisé d’importants progrès dans l’augmentation du nombre d’accouchements institutionnels (dans des hôpitaux ou des centres de santé), une mesure clé dans la lutte contre la mortalité néonatale et maternelle, la part des accouchements par césarienne augmente de façon alarmante. Selon un document de l’OMS publié en 2010, le nombre de césariennes ne devrait pas dépasser 10 à 15 %. Pourtant, l’enquête NFHS-4 confirme que l’Inde urbaine et les hôpitaux privés en particulier semblent pratiquer beaucoup plus de césariennes que nécessaire. Dans les hôpitaux privés de l’Inde urbaine, la part des césariennes atteint le chiffre stupéfiant de 45 % de l’ensemble des accouchements.