Accessibilité : Faire tomber les barrières entre les femmes et le planning familial

Par Moazzam Ali, directeur régional pour l’Asie et le Pacifique au département de la santé génésique et de la recherche de l’Organisation mondiale de la santé, et Jean José Nzau Mvuezolo, conseiller régional principal/Initiative SAF PAC, CARE USA

Qu’est-ce qui empêche les femmes d’accéder aux services de planification familiale ? Au Pakistan, comme dans de nombreux pays à faible revenu, l’un des obstacles est le coût.

Le programme de santé du Pakistan, géré par l’État, vise à garantir l’accès de tous à des soins de santé gratuits ou peu coûteux, y compris le planning familial. Mais le système est surchargé, laissant des millions de personnes chercher des services et des fournitures dans le secteur privé. Les coûts élevés de la participation aux frais peuvent signifier que les femmes pauvres n’ont tout simplement pas accès aux soins.

Le concept de financement à la demande offre une solution prometteuse. Le financement à la demande met le pouvoir d’achat directement entre les mains des individus, généralement sous la forme de bons qui peuvent être échangés avec des prestataires de soins de santé privés.

Au Pakistan, la Fondation Packard finance des programmes de bons d’achat avec la Marie Stopes Society et Greenstar Social Marketing, qui gèrent toutes deux des réseaux privés de prestataires de soins de santé génésique. Les bons Marie Stopes permettent aux femmes de bénéficier de services de planning familial gratuits, tandis que le programme Greenstar offre des bons à prix réduit pour le planning familial combiné aux soins postnatals et aux vaccinations des enfants. Ces deux approches contribuent à rendre les soins de santé de qualité accessibles aux populations défavorisées.

L’accessibilité est un concept clé des soins de santé fondés sur les droits. Selon l’Organisation mondiale de la santé, “le respect des obligations en matière de droits de l’homme exige que les produits de santé, y compris les contraceptifs, soient physiquement accessibles et abordables pour tous” (Ensuring Human Rights in the Provision of Contraceptive Information and Services : Orientations et recommandations, OMS, 2014).

C’est ce que rappelle le document Rights &amp ; Empowerment Principles for Family Planning de Planification familiale 2020, qui cite l’accessibilité parmi les principes fondamentaux des soins de santé génésique fondés sur les droits :

Accessibilité : Les établissements de soins de santé, les prestataires qualifiés et les méthodes contraceptives sont accessibles, sans discrimination et sans barrières physiques, économiques, socioculturelles ou informationnelles.

Mais comme le suggère cette définition, le coût n’est pas le seul obstacle auquel les femmes sont confrontées. Parfois, même les politiques gouvernementales les mieux intentionnées peuvent constituer le plus grand obstacle à l’accès.

Au Tchad, 78 % de la population est rurale. De nombreuses femmes et jeunes filles obtiennent leurs services de planification familiale auprès d’infirmières et de sages-femmes au niveau du district. Le centre de santé fonctionnel le plus proche se trouve souvent à deux heures ou plus de marche.

Afin de garantir la fourniture de services de haute qualité aux femmes du Tchad, le ministère de la santé a publié en 2012 des normes nationales pour les soins de santé reproductive. Malheureusement, ces normes ont fait en sorte que seuls les médecins – qui sont peu nombreux, très majoritairement masculins et concentrés dans les zones urbaines – soient autorisés à poser et à retirer les implants contraceptifs et les dispositifs intra-utérins. Les normes limitent également ces services aux hôpitaux, qui sont beaucoup moins courants que les centres de santé.

CARE (Cooperative for Assistance and Relief Everywhere) Tchad a reconnu que les nouvelles règles, bien que conçues pour garantir que les femmes ne recevraient des services que de la part de prestataires hautement qualifiés, rendraient en réalité le planning familial inaccessible pour de nombreuses femmes et jeunes filles.

CARE avait déjà formé avec succès les infirmières et les sages-femmes des centres de santé à la fourniture d’implants contraceptifs et de stérilets. CARE a travaillé en étroite collaboration avec le gouvernement tchadien pour montrer que ces prestataires de niveau intermédiaire pouvaient, en fait, fournir des services de haute qualité et que les implants et les stérilets ne devaient pas être limités aux hôpitaux.

En démontrant que la décentralisation des services permettrait aux femmes d’obtenir plus facilement la méthode contraceptive de leur choix, CARE et ses partenaires – dont l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) – ont contribué à convaincre le gouvernement tchadien de modifier sa politique. Le ministère de la santé a publié de nouvelles lignes directrices en janvier 2014, levant les restrictions précédentes et rendant l’ensemble des options de planification familiale accessibles au niveau local.