Dialogue communautaire pour faire évoluer les normes sociales et favoriser la planification familiale : Évaluation de l’initiative sur les résultats de la planification familiale au Kenya

L’utilisation de la planification familiale (PF) est fortement influencée par les normes sociales et de genre, y compris l’acceptabilité perçue de la PF et les rôles de genre qui limitent l’autonomie des femmes et restreignent la communication et la prise de décision entre les hommes et les femmes. Cette étude a évalué une intervention qui a catalysé des dialogues communautaires continus sur le genre et la PF dans le comté de Siaya, dans la province de Nyanza, au Kenya. Plus précisément, nous avons étudié les changements dans la perception de l’acceptabilité du PF, les normes de genre et l’utilisation du PF.

Méthodes

Nous avons utilisé une approche mixte. Des informations sur les caractéristiques sociodémographiques des hommes et des femmes mariés, les intentions de grossesse, les croyances liées au genre, les connaissances, les attitudes et l’utilisation du PF ont été collectées lors d’enquêtes transversales sur les ménages représentatives des comtés, au départ (2009 ; n11 = 650 femmes ; n12 = 305 hommes) et à l’arrivée (2012 ; n21 = 617 femmes ; n22 = 317 hommes) ; l’exposition à l’intervention a été mesurée à l’arrivée. Nous avons évalué les changements dans l’utilisation du PF à la fin de l’étude par rapport à la base, et nous avons ajusté des modèles de régression logistique multivariés pour l’utilisation du PF afin d’examiner son association avec l’exposition à l’intervention et d’explorer d’autres facteurs prédictifs de l’utilisation à la fin de l’étude. Des entretiens qualitatifs approfondis avec 10 couples à la fin de l’enquête ont permis d’explorer plus avant les facteurs favorables et les obstacles à l’utilisation du PF.

Résultats

Au départ, 34,0 % des femmes et 27,9 % des hommes utilisaient une méthode moderne de PF, contre 51,2 % et 52,2 %, respectivement, à la fin de l’enquête (p<0,05). L’exposition aux dialogues sur la PF était associée à un taux de 1,78 (IC à 95 % : 1,20-2,63) d’utiliser une méthode moderne de PF à la fin de l’enquête pour les femmes, mais cette association n’était pas significative pour les hommes. L’utilisation du PF moderne par les femmes a été associée de manière significative à une plus grande communication avec le conjoint, au contrôle de leurs propres revenus en espèces et à l’auto-efficacité en matière de PF. Les hommes qui déclarent approuver fortement le PF sont significativement plus susceptibles d’utiliser un PF moderne s’ils déclarent approuver fortement le PF et s’ils ont des convictions plus équitables en matière de genre. Les dialogues sur le PF ont permis de s’attaquer aux mythes et aux idées fausses qui persistent, de normaliser les discussions sur le PF et d’en accroître l’acceptabilité. Les exemples publics de couples prenant des décisions communes en matière de PF ont légitimé la communication et la prise de décision avec les conjoints en matière de PF, en particulier pour les hommes ; les femmes ont décrit le soutien de leur partenaire comme un facteur clé de l’utilisation du PF.

Conclusions

Notre évaluation démontre qu’une intervention qui catalyse un dialogue ouvert sur le genre et le PF peut modifier les normes sociales, permettre une communication et une prise de décision plus équitables au sein du couple et, en fin de compte, augmenter l’utilisation du PF.