Messages clés
-
Le COVID-19 pourrait modifier fondamentalement l’utilisation des contraceptifs par les femmes, ce qui modifierait la gamme des produits nécessaires à court terme. Les décideurs politiques devront tenir compte des réalités nationales et envisager des adaptations de la prestation de services pour répondre à ces besoins changeants. Les données existantes permettent de quantifier les changements potentiels dans l’utilisation des contraceptifs afin d’éclairer les décisions.
Les donateurs, les décideurs politiques et les planificateurs de programmes devront peut-être revoir les plans d’approvisionnement et l’utilisation du financement afin de garantir que la contraception est effectivement maintenue.
Depuis le début de la pandémie de coronavirus (COVID-19), la communauté du planning familial a concentré son attention sur l’atténuation des conséquences dévastatrices de l’incapacité à répondre aux besoins des femmes en matière de contraception. Selon des estimations récentes de l’Institut Guttmacher, si l’utilisation des contraceptifs réversibles à courte et à longue durée d’action (LARC) diminuait ne serait-ce que de 10 % dans 132 pays à revenu faible ou intermédiaire, les besoins non satisfaits en matière de contraception augmenteraient de 48,6 millions de femmes et conduiraient à 15 millions de grossesses non désirées supplémentaires. Ce risque s’accroît chaque jour, à mesure que l’on apprend la fermeture de cliniques, la réduction des services mobiles de proximité et la diminution du nombre de clients fréquentant les cliniques encore ouvertes.
Pour garantir l’accès des femmes à une gamme complète de méthodes ainsi qu’à des services de retrait, nous avons entendu des appels de toute la communauté du SR pour préserver l’intégrité des systèmes de prestation de services existants et des chaînes d’approvisionnement qui les soutiennent. Ces appels sont essentiels et bienvenus. Mais dans les environnements où ces systèmes sont soumis à des pressions ou cessent complètement de fonctionner, des solutions différentes sont proposées, comme celles présentées par Nanda et al. dans ce numéro de GHSP. Ils décrivent des approches telles que la minimisation des contacts entre le client et le prestataire de services de planification familiale grâce à l’utilisation de la télésanté et à l’intégration dans d’autres services essentiels (planification familiale post-partum le jour même). Ils envisagent également l’utilisation prolongée des LARC, les possibilités de changement de méthode et la modification des directives de délivrance en cas de perturbations. Bon nombre des suggestions formulées dans ce document ont également été reprises ailleurs.
COVID-19 modifie fondamentalement le paysage contraceptif et, par extension, la capacité des programmes nationaux à répondre aux besoins immédiats des femmes en matière de contraception. L’avenir pour lequel nous avons planifié et acheté ne sera pas, selon toute vraisemblance, la réalité qui s’offrira à nous dans les 12 à 18 mois à venir. C’est donc une erreur de demander aux chaînes d’approvisionnement de continuer à alimenter les programmes avec un mélange de fournitures qu’elles ne sont peut-être plus en mesure de fournir. COVID-19 soulève une série de questions importantes sur la relation entre le produit et le programme. En ces temps sans précédent, nous devons repenser la manière dont nous associons les produits et les programmes afin d’assurer la continuité de l’accès des femmes à la contraception.
Afin d’ajouter un contexte à ces discussions politiques, nous avons tenté de quantifier les changements potentiels dans l’utilisation des contraceptifs qui pourraient résulter de certaines des stratégies d’atténuation que nous avons décrites. Nous nous concentrons sur les stratégies d’atténuation les plus susceptibles de refléter la disponibilité des options contraceptives dans le cadre de COVID-19 afin de mettre en évidence les implications de ces changements.