Le gouvernement tanzanien a récemment annoncé son intention d’employer deux agents de santé communautaires (ASC) qualifiés et formés dans chaque village à partir de l’exercice 2019-20. Hon. Ummy Mwalimu, ministre de la santé, du développement communautaire, de l’égalité des sexes, des personnes âgées et de l’enfance (MoHCDGEC), a pris cet engagement lors de la présentation du discours sur le budget de son ministère, le 7 mai dernier.
Cet engagement, qui a le potentiel d’améliorer les résultats en matière de santé au-delà de la seule planification familiale, fait suite à deux années de plaidoyer pour élargir l’accès aux ASC et aux méthodes contraceptives qu’ils fournissent. Il prépare également le terrain pour que les défenseurs continuent à faire pression en faveur de politiques permettant aux ASC d’administrer des contraceptifs injectables (DMPA), y compris le DMPA sous-cutané, dans le but d’améliorer l’éventail des méthodes et d’accroître l’adoption de la planification familiale dans le pays.
Actuellement, les ASC peuvent fournir des conseils, distribuer des pilules et des préservatifs et orienter les clients potentiels vers des cliniques. Cependant, sur les 19 200 villages que compte la Tanzanie, nombreux sont ceux qui ne disposent pas d’ASC formés et beaucoup de femmes doivent parcourir de longues distances pour se rendre dans les établissements de santé. Pendant des années, le gouvernement a refusé de considérer les ASC comme faisant partie d’un cadre essentiel permettant d’élargir l’accès aux services de planification familiale au niveau communautaire, malgré les preuves qui confirment la nécessité de l’engagement des ASC. Les données du projet pilote mené par le gouvernement à l’Institut de santé Ifakara (IHI) de Morogoro il y a quatre ans ont confirmé la faisabilité et l’importance du déploiement d’ASC qualifiés et formés au niveau de la communauté pour améliorer la prestation de services de planification familiale.
En mai 2018, le partenaire de l’AFP Tanzania Men as Equal Partners in Development (TMEPiD) a commencé à travailler sur la question après que des preuves générées localement ont émergé sur la façon dont les ASC améliorent l’accès aux services de planification familiale. Ils ont rassemblé des données pour compléter les preuves disponibles sur le potentiel des ASC à réduire la mortalité maternelle grâce au partage des tâches dans d’autres pays africains. TMEPiD a également effectué une analyse documentaire du projet CONNECT de l’IHI et a mis en évidence les principaux résultats de la visite d’étude des députés tanzaniens du projet au Rwanda en août 2017. Ce rapport, ainsi que d’autres documents pertinents, a permis d’alimenter le dialogue politique avec les responsables du ministère de la santé et de la protection sociale sur l’importance des services des ASC.
TMEPiD, en collaboration avec le Centre de communication et de développement de Tanzanie et le Centre Johns Hopkins pour les programmes de communication, a ensuite organisé une série de réunions consultatives entre mai et juillet 2018 sur les avantages potentiels des ASC et leur rôle dans la prestation de services de santé en Tanzanie. Le MoHCDGEC, le bureau du président – administration régionale et gouvernement local, les associations de professionnels de la santé et les députés de l’Association parlementaire tanzanienne sur la population et le développement y ont participé. Les discussions ont également porté sur la sécurité et la faisabilité d’autoriser les ASC à administrer des contraceptifs injectables et à les ajouter à la liste des méthodes qu’ils fournissent déjà.
Les principaux responsables de l’équipe de gestion du ministère ont exprimé leur soutien à l’approche des ASC, mais ont souligné la nécessité de disposer de lignes directrices et de ressources pour mettre en œuvre cette intervention. Certains des parlementaires qui ont participé à la visite d’étude au Rwanda ont fortement soutenu la proposition de recruter des ASC et d’étendre leur rôle à la fourniture de contraceptifs injectables.
Les députés ont promis de faire avancer le dossier et ont posé des questions parlementaires pertinentes sur le sujet lors des discussions sur le discours du budget du ministère de la santé au Parlement en mai 2019. Les champions parlementaires ont maintenu leur soutien malgré les nombreux sentiments exprimés publiquement par le président à l’encontre de la planification familiale. Ces efforts de plaidoyer ont abouti à la déclaration du ministre lors de la présentation du budget du MoHCDGEC au Parlement en mai 2019.
Actuellement, le ministère de la santé et de la protection sociale, par l’intermédiaire de son unité de promotion de la santé, travaille sur un outil visant à revitaliser les activités des auxiliaires de santé, en les alignant sur les résultats escomptés en matière de planification familiale dans le pays. L’outil guidera les relais communautaires, ainsi que les partenaires qui travaillent avec eux, afin de garantir un engagement uniforme des relais communautaires et de saisir les résultats. L’outil devrait être partagé avant la fin de l’année.
Dans un deuxième temps, l’AFP Tanzanie assure le suivi avec les partenaires gouvernementaux pour veiller à ce que les fonds soient alloués par le biais du financement direct des établissements de santé. Grâce à ce mécanisme, le gouvernement central verse des fonds directement aux établissements de santé. Les partenaires de l’AFP continueront d’inciter les dirigeants locaux à augmenter le financement de la planification familiale dans les établissements de santé et à contribuer aux frais de réunion des ASC au niveau des villages.