Entretien avec Ammal Awadallah, directeur exécutif de la Palestinian Family Planning & ; Protection Association (PFPPA), sur l’impact du COVID-19.
Dans quelle mesure la Palestine a-t-elle été touchée par le coronavirus ?
À la date du 21 mars, 52 cas ont été testés positifs au coronavirus (COVID-19) selon le ministère palestinien de la santé. 17 d’entre eux ont été traités et guéris (bien qu’ils soient actuellement soumis à deux semaines supplémentaires de quarantaine et d’isolement), et 35 sont toujours affectés. Bien que la majorité des cas aient été identifiés dans la région de Bethléem, d’autres cas ont récemment été découverts dans d’autres régions. Il convient également de mentionner qu’à la date mentionnée ci-dessus, 3 945 tests ont été effectués.
Quel est son impact sur la santé et les droits sexuels et reproductifs (SRHR) ?
Conformément au conseil du ministère de la santé (MOH) donné en Palestine le 7 mars, qui était d’éviter les rassemblements à titre préventif, la PFPPA a annulé toutes ses activités de sensibilisation et tous les cours de formation prévus. Cela a bien sûr entraîné une diminution du nombre de personnes que nous avons pu atteindre avec des informations précises sur les questions de santé sexuelle et reproductive. En outre, les prestataires de services ont noté que les services d’obstétrique avaient sensiblement diminué, les femmes enceintes semblant avoir peur de recourir à ces services, car il leur avait été conseillé de ne pas quitter leur domicile si cela n’était pas nécessaire.
Quels sont les services les plus touchés jusqu’à présent ?
Tout d’abord, lorsque les activités ont été réduites le 7 mars, nous avons constaté un impact important sur les violences basées sur le genre (VBG) et le soutien psychosocial, ainsi que sur les services obstétriques. Toutes les activités de sensibilisation ont été touchées à ce moment-là, y compris (mais sans s’y limiter) : des sessions de sensibilisation communautaire, des sessions de pair à pair, des campagnes de sensibilisation mobiles et des visites à domicile. Les services de contraception réversible à longue durée d’action (LARCS) ont également été touchés.
Le personnel de première ligne est-il toujours en mesure de se rendre dans la communauté ?
L’action de proximité est annulée mais, comme l’a décidé le ministère de la santé, le personnel des services de santé peut fournir des services à partir des cliniques ou des établissements de leur région afin de réduire les déplacements d’une région à l’autre. Le nombre d’employés en poste dans les installations est réduit au minimum afin de limiter les contacts.
Que faites-vous pour continuer à fournir des services à la population en Palestine ?
Malheureusement, le 23 mars, nous avons dû fermer nos points de prestation de services et notre siège. Toutefois, nous serons en mesure de fournir des services psychosociaux par le biais d’une ligne téléphonique mobile dont s’occupera notre personne de contact pour la lutte contre la violence à l’égard des femmes. En outre, le personnel du siège travaillera depuis son domicile.
Quel message adressez-vous aux personnes ou à votre personnel en Palestine en ce qui concerne la santé et les droits en matière de sexualité et de procréation et le coronavirus ?
Vous devriez toujours utiliser des mesures de prévention – en tant qu’individus et prestataires de services au travail – dans votre communauté et dans vos maisons. Partagez toujours des informations sur les mesures de prévention où et quand vous le pouvez, que ce soit au point de prestation de services, à la maison, avec la famille et les amis.
Les prestataires de services, et en particulier les travailleurs sociaux, doivent fournir des services là où ils se trouvent, si possible. Même si vous êtes chez vous et que vous connaissez une personne dans le besoin, trouvez un moyen d’entrer en contact avec elle, ne serait-ce que par téléphone, pour lui offrir une consultation et/ou des conseils – vous pouvez faire la différence.
N’oubliez jamais que si vous contractez le virus sans être gravement atteint, il peut être transmis à quelqu’un qui peut être gravement atteint. Nous devons tous rester calmes et réfléchir à tête reposée. La panique et le chaos ne peuvent rien apporter de bon à personne. Nous devons être patients, coopératifs et avoir tous à l’esprit l’objectif global et prendre des mesures qui nous aideront à faire face à cette pandémie mondiale.