Les élections générales de 2019 en Inde ont connu une participation record des femmes – égale au pourcentage d’électeurs masculins – et indiquant que les femmes s’attendent à ce que le gouvernement majoritaire du jour donne la priorité à leurs besoins et y réponde.
L’une de leurs principales attentes est l’amélioration de l’accès aux services de santé et de droits sexuels et reproductifs des femmes.
Les dépenses de santé publique de l’Inde représentent depuis longtemps un maigre 1,5 % de son PIB, voire moins, et avec un maigre 2,2 % du budget provisoire alloué à la santé, un examen plus approfondi de ces chiffres révélerait que les investissements dans la santé génésique des femmes sont bien moindres.
Il est prouvé que plus de 30 millions de femmes mariées en âge de procréer n’ont pas accès à la contraception. Une étude récente publiée dans The Lancet estime que 78 % des 15 millions d’avortements pratiqués en Inde ont lieu en dehors des établissements médicaux. Il n’y a qu’un seul fournisseur d’avortement agréé pour plus de 200 000 femmes dans l’Inde rurale.
Cela met en évidence le besoin criant de services d’avortement sûrs qui n’est pas satisfait. Dix femmes continuent de mourir chaque jour des suites d’un avortement pratiqué dans des conditions dangereuses dans le pays, ce qui constitue la troisième cause de mortalité maternelle.
Le gouvernement doit donner la priorité aux soins complets en matière d’avortement. Plus précisément, il est urgent de mettre en œuvre les amendements proposés à la loi de 1971 sur l’interruption médicale de grossesse.
Adoptée il y a près de cinquante ans, cette loi jusqu’ici progressiste implique un changement essentiel pour rendre l’avortement sûr universellement accessible aux femmes. La loi actuelle a ses limites : manque de prestataires légaux et formés, détection tardive des anomalies fœtales, etc. Si le premier facteur prive les femmes d’avortements sûrs et légaux, le second conduit des dizaines de femmes à saisir les tribunaux pour obtenir l’autorisation de pratiquer des avortements tardifs, car les anomalies fœtales sont souvent détectées au-delà de la limite des 20 semaines, lorsque l’avortement devient illégal en vertu des dispositions de la loi actuelle.
L’amélioration de l’accès à des soins de contraception complets est également un domaine critique qui pourrait bénéficier immensément de meilleures politiques. Des investissements équitables dans l’espacement et les méthodes terminales de contraception pourraient aider les femmes à accéder à des méthodes appropriées et à planifier leurs grossesses lorsqu’elles sont prêtes.
L’élargissement de l’éventail des choix en matière de contraception, la plus grande disponibilité des services grâce à une meilleure formation des prestataires et l’accès des jeunes à des services de contraception et de conseil appropriés sont essentiels pour garantir la liberté des femmes en matière de procréation.
Le renforcement des efforts visant à garantir la satisfaction des besoins et des droits des femmes en matière de santé contribuera grandement à améliorer les principaux indicateurs de développement et à préserver la santé des générations futures. Tous les objectifs de développement durable sont étroitement liés, et la réalisation de l’ODD 3 – garantir une vie saine et promouvoir le bien-être pour tous – est particulièrement importante pour influencer les autres ODD.
Les interventions en matière de santé doivent se concentrer sur l’élargissement de l’accès et de la sensibilisation des femmes et des jeunes à la santé et aux droits sexuels et génésiques, afin de leur permettre de faire des choix opportuns et éclairés. Ces mesures sont connues pour éviter les problèmes graves que sont les mariages précoces, les grossesses chez les adolescentes, etc.
Le renforcement des interventions en matière de santé sexuelle et reproductive nécessitera, entre autres, une amélioration substantielle de l’information, des services et de l’infrastructure, une participation proactive des jeunes à l’élaboration de politiques visant à répondre à leurs besoins, ainsi qu’une augmentation des investissements et une meilleure utilisation des fonds alloués.
Ce n’est que la troisième fois dans la politique indienne qu’un parti a un gouvernement majoritaire consécutif pour la deuxième fois. Cela donne l’occasion aux autorités de créer un environnement dans lequel les femmes peuvent accéder librement aux services de santé sexuelle et génésique sans avoir à s’excuser ou à recourir à des moyens clandestins. La santé et les droits sexuels et reproductifs sont un droit fondamental de la femme et elle le mérite.