L’OMS, l’ONUSIDA et l’UNFPA se félicitent des résultats d’une vaste étude de recherche clinique connue sous le nom d’étude ECHO (Evidence for Contraceptive Options and HIV Outcomes), menée dans quatre pays africains et publiée aujourd’hui dans le Lancet. L’étude a comparé le risque d’acquisition du VIH chez des femmes randomisées en fonction de trois méthodes contraceptives réversibles hautement efficaces.
L’étude ECHO n’a pas constaté de différence significative dans le risque d’infection par le VIH chez les femmes utilisant l’une des trois méthodes. Elle a toutefois constaté que l’incidence des infections par le VIH parmi les participantes était élevée ─ 3,8 % en moyenne ─ ce qui indique que le VIH reste un risque personnel important et un problème de santé publique pour de nombreuses femmes dans ces pays. Dans les contextes où la prévalence du VIH est élevée, il faudra déployer des efforts considérables pour élargir rapidement la fourniture de services de prévention combinée du VIH dans le cadre de la prestation de services de contraception.
L’Organisation mondiale de la santé a immédiatement entamé un processus de mise à jour et de synthèse de toutes les données relatives à l’utilisation de la contraception et au risque d’infection par le VIH. Comme il est d’usage lorsque de nouveaux résultats de recherche importants sont publiés concernant la sécurité des contraceptifs, l’OMS convoquera un groupe d’élaboration de lignes directrices pour examiner les données actualisées sur les liens entre l’utilisation de diverses méthodes contraceptives hormonales et le risque d’infection par le VIH chez les femmes. Le groupe d’élaboration des lignes directrices se réunira fin juillet 2019 pour évaluer si les lignes directrices actuelles de l’OMS doivent être modifiées à la lumière des données actualisées.
Dans l’intervalle, les trois méthodes contraceptives ─ DMPA-IM injectables, implants de Levonorgestresl et DIU au cuivre ─ devraient continuer à être mises à la disposition des femmes conformément aux recommandations actuelles qui ont été publiées dans le 2017 Hormonal contraceptive eligibility for women at high risk of HIV (éligibilité à la contraception hormonale pour les femmes à haut risque de VIH). qui a mis à jour les critères d’éligibilité médicale de 2015 pour l’utilisation de contraceptifs. Cinquième édition. Des recommandations adaptées aux clients doivent être fournies en tenant compte des résultats de l’étude et des conseils relatifs aux préoccupations en matière de sécurité, aux facteurs de risque et à la manière dont les clients peuvent se protéger au mieux contre le VIH, les autres infections sexuellement transmissibles et les grossesses non désirées.
Les membres proposés du groupe d’élaboration des lignes directrices ont été publiés pour commentaires publics en mai 2019. Tous les commentaires publics reçus sur la composition du groupe d’élaboration des lignes directrices seront pris en considération.
Les recommandations actualisées devraient être publiées d’ici la fin du mois d’août 2019. Ce calendrier reflète la pratique établie de l’OMS pour garantir un processus d’examen rapide, solide et inclusif.
Contexte
Depuis plus de 25 ans, les preuves sont mitigées quant à l’association entre l’utilisation de méthodes contraceptives hormonales (en particulier l’acétate de médroxyprogestérone en dépôt [AMPD]) et le risque de contracter le VIH chez la femme. L’OMS surveille et examine en permanence les nouvelles données et fournit des orientations en conséquence. L’OMS a commandé une revue systématique actualisée afin d’analyser les résultats de toutes les études publiées au cours des deux dernières années et de les synthétiser avec les données précédentes publiées en 2016 ainsi qu’avec les nouveaux résultats de l’étude ECHO. L’OMS s’est engagée à collaborer avec les parties prenantes et à les impliquer dans le processus de mise à jour des directives d’admissibilité médicale pour l’utilisation de contraceptifs.
Résultats de l’étude ECHO
L’étude ECHO n’a pas constaté de différence significative dans le risque d’infection par le VIH chez les femmes utilisant l’une des trois méthodes contraceptives réversibles hautement efficaces. Les trois méthodes étaient les suivantes :
- DMPA-IM, un contraceptif injectable réversible, progestatif et trimestriel.
- L’implant au lévonorgestrel, un implant progestatif inséré sous la peau dans la partie supérieure du bras, qui peut être utilisé pendant cinq ans.
- Un stérilet à libération de cuivre, un dispositif inséré dans l’utérus qui peut être utilisé pendant 10 à 12 ans.
Il est rassurant de constater que l’étude a montré que chaque méthode présentait des niveaux élevés de sécurité et d’efficacité dans la prévention des grossesses, et que toutes les méthodes étaient bien acceptées par les femmes qui les utilisaient. L’étude a toutefois révélé que l’incidence des infections par le VIH parmi toutes les femmes participantes était élevée (3,8 % en moyenne), ce qui indique que le VIH reste un risque personnel important et un problème de santé publique pour de nombreuses femmes dans ces pays.
Principales implications
L’évaluation des nouvelles données est extrêmement importante pour déterminer les conseils à donner aux femmes, en particulier en Afrique subsaharienne où les taux élevés de VIH coïncident avec une utilisation importante de la contraception injectable DMPA. L’OMS est soucieuse de maximiser l’accès des femmes, de leurs partenaires et des couples aux méthodes contraceptives préférées, tout en protégeant la santé des femmes et celle de leurs communautés. Lorsqu’elles choisissent une méthode contraceptive, les femmes ont le droit de disposer des informations les plus récentes et les meilleures et d’accéder aux options qu’elles préfèrent et qui sont sûres, efficaces et acceptables.
Il est essentiel d’élargir les options contraceptives de qualité pour la planification familiale volontaire afin de réduire les besoins non satisfaits de quelque 214 millions de femmes en âge de procréer dans les pays en développement qui souhaitent éviter une grossesse mais n’utilisent pas de méthode contraceptive moderne. Permettre aux femmes et aux jeunes filles de prendre des décisions en connaissance de cause est un principe fondamental lorsqu’il s’agit de fournir des informations et des services en matière de contraception.
L’étude souligne également la nécessité d’intensifier les efforts de prévention du VIH, en particulier dans les pays à forte charge de morbidité et surtout pour les femmes. L’étude a montré que le taux d’infection par le VIH était plus élevé chez les femmes de moins de 25 ans, quelle que soit la méthode de contraception utilisée. Ce taux élevé d’infection par le VIH chez les femmes, et en particulier chez les jeunes femmes, renforce la nécessité de renforcer l’intégration de la prévention du VIH dans les services de contraception et autres services de santé sexuelle et génésique. Il peut s’agir du dépistage du VIH et de la mise en place d’une thérapie antirétrovirale pour les personnes séropositives, du dépistage des partenaires, de la promotion des préservatifs et de la prophylaxie pré-exposition (PrEP). L’incidence élevée du VIH signalée est supérieure au seuil suggéré par l’OMS pour proposer la PrEP, qui devrait désormais être envisagée dans les pays où l’incidence du VIH est supérieure à 3 %, le cas échéant.
En veillant à ce que les jeunes femmes puissent à la fois accéder à des méthodes contraceptives efficaces et se protéger du VIH, on contribue à construire un avenir plus sain pour les femmes, leurs partenaires, leurs enfants – si et quand elles décident d’avoir des enfants -, leurs communautés et, en fin de compte, leurs pays.
Remerciements
L’Organisation mondiale de la santé et le HRP (Human Reproduction Programme) tiennent à remercier les 7829 femmes et leurs communautés pour leur participation à l’étude ECHO, sans laquelle notre compréhension de la sécurité de trois méthodes contraceptives très efficaces ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui.
Liens connexes
Plus d’informations sur la contraception hormonale et les résultats en matière de VIH
www.who.int/reproductivehealth/hc-hiv/en
Critères médicaux d’éligibilité pour l’utilisation de contraceptifs. Cinquième édition, 2015
www.who.int/reproductivehealth/publications/family_planning/MEC-5/en
Admissibilité des contraceptifs hormonaux pour les femmes à haut risque d’infection par le VIH. Déclaration d’orientation
www.who.int/reproductivehealth/publications/family_planning/HC-and-HIV-2017/en
Site web de l’ONUSIDA
www.unaids.org/en
Site web du FNUAP
www.unfpa.org