|
|
Vienne : Je vous remercie d’avoir pris le temps de vous entretenir avec moi aujourd’hui. Pouvez-vous me parler de vous et de votre rôle ?
Nancy : Oui, je m’appelle Nancy Pego. De par ma profession, je suis une infirmière sage-femme diplômée, avant de commencer à superviser ces programmes de santé publique, dans le cadre du département de la santé reproductive et infantile. Aujourd’hui, je suis directrice de programme pour RMNACAH, le département de la santé reproductive, maternelle, néonatale/nutritionnelle, infantile et adolescente, et mon rôle consiste à superviser les six programmes nationaux dont j’ai la charge au niveau national en matière de santé reproductive. Nous avons également des sous-unités, comme la santé maternelle et la nutrition pour les enfants, et mon rôle principal est donc de les soutenir au niveau du programme.
Vienne : Quels sont les programmes de santé sexuelle et reproductive en cours dans les Îles Salomon ?
Nancy : Certains programmes sont en cours malgré les difficultés que nous rencontrons avec COVID. L’un des plus importants est le programme de planification familiale destiné à la population générale, qui cible également les adolescents et les jeunes. Cette priorité s’est accrue au fil des ans, à mesure que nous avons tenté de répondre aux besoins non satisfaits de la population jeune. De nombreux jeunes ne disposent pas des informations nécessaires pour faire leur choix. Il existe une idée préconçue dans le pays selon laquelle le planning familial est réservé aux personnes mariées ou à celles qui ont déjà des enfants.
Par ailleurs, le département des maladies sexuellement transmissibles et du VIH travaille en étroite collaboration avec nous, de sorte que la santé sexuelle et génésique s’aligne sur le travail relatif aux maladies sexuellement transmissibles et au VIH. Nous disposons d’un programme de lutte contre la violence fondée sur le sexe, qui relève de notre compétence, et d’un programme de lutte contre le cancer du col de l’utérus, qui relève également de la santé maternelle. Dans le domaine de la santé maternelle, nous avons le programme de soins prénatals, le programme postnatal pour les mères, et même les soins obstétriques d’urgence pour lesquels certaines de nos sages-femmes cliniques nous soutiennent dans le cadre clinique, ainsi que la réponse à la surveillance des décès maternels.
Nous avons le plan d’urgence pour la santé sexuelle et reproductive, qui est encore à l’état de projet, mais qui sera bientôt mis en œuvre sous l’égide du ministère. Ce projet est soutenu par l’IPPF et la SIPPA (Solomon Islands Planned Parenthood Association) nous a aidés, de sorte que nous avons maintenant un plan en place avec le ministère. Ce plan s’inscrit dans le cadre de l’initiative SPRINT, qui assure l’accès aux services de santé sexuelle et génésique en renforçant les capacités des travailleurs humanitaires à fournir l’ensemble minimal de services initiaux (MISP).
Vienne : Pouvez-vous préciser les lacunes et les défis auxquels vous êtes confrontés dans le cadre des programmes de santé sexuelle et génésique dans les Îles Salomon ?
Nancy : Oui, malgré le travail que nous accomplissons ici, nous avons encore des défis à relever et des lacunes à combler, pour lesquels nous avons besoin d’un soutien continu.
Nous devons vraiment améliorer le processus de financement. Je pense que le RMNCAH est l’un des programmes les plus complexes, car de nombreux donateurs soutiennent la santé reproductive et infantile, comme l’UNICEF, le FNUAP et l’OMS. Les processus ne sont pas standardisés, certains ont des cycles plus courts, d’autres des cycles plus longs.
Je pense également que l’un des défis est la transmission du COVID. Cela nous a permis de voyager, surtout en province, où il y a beaucoup de travail à faire. Les restrictions de voyage à travers le monde nous affectent également, car je pense que nous avons vraiment besoin que certains d’entre vous, les membres de la communauté mondiale du planning familial, viennent nous voir et voir ce que nous faisons ici dans notre pays. Parce que nous nous concentrons sur la mise en œuvre de COVID, certaines de nos activités ont été suspendues. Certains membres de notre personnel sont déployés, car la plupart d’entre nous sont des sages-femmes, des infirmières et des agents de santé publique, et nous avons donc des problèmes de ressources humaines pour mettre en œuvre et soutenir nos programmes.
Nous avons également besoin d’un soutien en termes de produits, d’équipement et d’espace pour les adolescents. Nous avons besoin d’espace parce que la plupart des services de planning familial au niveau provincial sont également intégrés à d’autres services de santé sexuelle et génésique. Nous devons donc utiliser le même espace pour le planning familial, les conseils en matière de violence sexiste et le traitement des IST, par exemple. Je pense qu’en termes d’espace également, nous devons nous pencher sur l’infrastructure afin que des services de qualité puissent être fournis dans l’ensemble du pays.
Enfin, en termes de couverture, il arrive que certaines provinces nous échappent parce que notre soutien va d’abord à certaines d’entre elles. Les Îles Salomon représentent un défi démographique de taille. Nous avons beaucoup d’îles et dix provinces. Ainsi, si notre soutien va peut-être aux trois premières provinces prioritaires, certaines provinces peuvent être laissées de côté. En termes de couverture, lorsqu’il s’agit d’enquêtes ou d’évaluations, qui devraient être réalisées dans l’ensemble du pays, il se peut que certaines provinces nous échappent.
Vienne : Merci beaucoup, Nancy. Quelles sont les actions ou le soutien nécessaires pour relever ces défis ?
Nancy : Je pense que nous avons besoin de plus de volonté politique et de soutien de la part de nos dirigeants et des provinces afin que nous puissions saisir certaines des activités prioritaires que nous devons vraiment aligner sur le plan opérationnel annuel du programme national RMNCAH. Nous avons notamment besoin d’aide pour renforcer nos capacités. Au niveau national, huit personnes s’occupent de la santé des adolescents, de la santé maternelle, de la santé infantile, de la violence liée au sexe, etc. Cependant, au niveau provincial, il n’y aura qu’un seul agent qui s’occupera de toutes ces activités. Ces programmes ne sont pas très petits et ils ont beaucoup de choses à faire, c’est pourquoi nous avons vraiment besoin de quelqu’un au niveau provincial pour diriger les activités.
Vienne : Merci beaucoup, Nancy. Y a-t-il autre chose que vous aimeriez ajouter ?
Nancy : Oui, je me souviens qu’il y a trois ou quatre ans, Planification familiale 2020 nous a fait venir au Népal [pour l’atelier régional 2018 des points focaux]. Nous étions en train d’élaborer un plan de soutien aux Îles Salomon avec le FNUAP. C’est l’une des choses que nous voulons continuer à renforcer. Depuis lors, le FNUAP dirige et soutient notre travail de planification familiale au niveau national. Nous voulons que toutes les parties prenantes et les organisations locales, comme notre ONG SIPPA, se rassemblent et se soutiennent mutuellement, afin de renforcer les partenariats et de soutenir le pays.
Vienne : Merci beaucoup d’avoir pris le temps de vous entretenir avec moi aujourd’hui.