Par Adebiyi Adesina, directeur du financement de la santé et du renforcement des systèmes, PAI et Cate Nyambura, consultante en partenariats, FP2030
La Conférence internationale sur la planification familiale – le lieu de rencontre par excellence des défenseurs de la planification familiale, des chercheurs et des décideurs politiques – vient de s’achever. Les experts ont discuté des dernières tendances en matière de planification familiale fondée sur les droits, des nouvelles recherches et données, et en particulier du lien entre la planification familiale et la couverture universelle en matière de santé (CSU). Aujourd’hui, il n’a jamais été aussi urgent de prendre des mesures pour atteindre l’objectif de santé publique universelle, d’autant plus que la date butoir des objectifs de développement durable n’est que dans sept ans.
La santé publique universelle est une mesure de l’engagement du monde à assurer la santé et le bien-être de tous (ODD 3). Il caractérise un idéal où tous les individus ont accès aux services de santé dont ils ont besoin, quand et où ils en ont besoin, sans difficultés financières ou autres obstacles. Cela inclut – mais ne se limite pas à – l’accès à la santé et aux droits sexuels et reproductifs (SRHR) et à la planification familiale, qui ne sont pas seulement des droits de l’homme mais aussi des catalyseurs du développement économique. Plus précisément, l’accès à la planification familiale offre aux individus le choix et la possibilité de décider librement s’ils veulent devenir parents ou quand, ainsi que le nombre d’enfants et le moment de leur naissance. Ce droit est inscrit dans plusieurs lois, politiques et instruments mondiaux, régionaux et nationaux, qui obligent les gouvernements à le respecter, le protéger et le mettre en œuvre.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), avant la pandémie de COVID-19, au moins la moitié de la population mondiale n’avait pas accès aux services de santé essentiels, y compris la planification familiale. Dans le même temps, 800 millions de personnes ont consacré au moins 10 % du budget de leur ménage aux dépenses de santé, et un demi-milliard de personnes ont été poussées plus loin dans l’extrême pauvreté par les dépenses de santé payées de leur poche. Ces lacunes sont particulièrement prononcées dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, où l’on estime que 23 millions d’adolescentes et de jeunes femmes n’étaient pas en mesure de satisfaire leurs besoins en matière de contraception avant la pandémie, en raison d’obstacles structurels tels que l’attitude négative des prestataires de services, le manque d’accès à l’information sur la santé et les lois discriminatoires enracinées dans l’inégalité entre les sexes. Malgré la résistance des systèmes de santé et de la population en général, la pandémie a exacerbé les inégalités sociales préexistantes en matière d’accès et d’utilisation des services de planification familiale. La pandémie a mis en évidence de graves inégalités et lacunes dans la préparation aux situations d’urgence : les femmes et les filles ont souffert de manière plus disproportionnée des retombées économiques et des graves conséquences sanitaires de la pandémie. Notamment, les effets à long terme de la pandémie sur les économies mondiales et nationales pourraient avoir des répercussions sur le financement de la planification familiale.
La planification familiale joue un rôle essentiel dans la réalisation de la santé publique universelle à l’échelle mondiale et dans l’accès de tous à des soins de santé vitaux. Les soins de santé ne seront pas universels sans accès à la planification familiale. À l’heure où les pays élaborent diverses politiques et conçoivent des programmes visant à garantir à tous les citoyens l’accès à la santé en tant que droit de l’homme, l’histoire et les enseignements du planning familial sont inestimables. La communauté de la planification familiale a reconnu les obstacles structurels qui continuent d’entraver les systèmes de santé et, dans certains cas, a réussi à les surmonter. La réalisation de la santé universelle suppose l’inclusion de la planification familiale avec une protection financière efficace contre les difficultés, en veillant à ce que les services de planification familiale soient disponibles, accessibles et abordables pour tous.
L’inclusion des services de planification familiale dans la politique de santé publique d’un pays représente également l’un des meilleurs retours sur investissement pour atteindre une santé publique durable. Selon le FNUAP, chaque dollar investi dans la planification familiale génère 8,40 dollars de gains économiques. Cependant, nous n’avons pas encore trouvé la formule permettant de “ne laisser personne de côté”. Nous n’y parviendrons pas par de simples slogans, mais en veillant à ce que nos ressources sanitaires limitées au niveau national et en tant que communauté mondiale de la santé atteignent le dernier kilomètre.
Nous sommes à un tournant. Étant donné que le calendrier de réalisation des objectifs de développement durable se rapproche rapidement et que la pandémie de COVID-19 a eu un impact sur l’égalité des sexes et les chaînes d’approvisionnement en planning familial, le moment est venu pour nous – en tant qu’individus, mouvements, défenseurs et nations – de nous réengager à atteindre nos objectifs collectifs en matière de santé et de bien-être, ainsi que d’égalité des sexes pour tous.