En juin 2019, le ministère de la Santé du Kenya a approuvé l’inclusion de nouveaux indicateurs de planification familiale après la grossesse (PPFP) dans le système d’information sanitaire du pays. C’est la première fois que ces indicateurs feront l’objet d’un suivi systématique dans tous les établissements de santé du pays. Cette victoire en matière de plaidoyer montre qu’il est possible d’améliorer l’accès à la planification familiale dans l’ensemble des unités de santé maternelle et reproductive au sein des établissements.
Les fonctionnaires des administrations infranationales ont pris les premières mesures pour introduire et suivre avec succès les indicateurs de la PPFP l’année dernière, fournissant ainsi les preuves nécessaires à l’extension au niveau national. Les données d’un comté montrent maintenant que le suivi de ces nouveaux indicateurs – ainsi que l’amélioration de la formation et de l’encadrement des travailleurs de la santé en matière de PFPP, de même que l’achat et la distribution des fournitures – a entraîné une augmentation de l’utilisation d’une méthode de planification familiale après la grossesse.
Le taux d’utilisation augmente de près de 50 % dans le comté de Migori à la suite des améliorations apportées à l’enregistrement et à la communication des données
Dans le comté de Migori, le directeur des services médicaux du comté a publié une circulaire en janvier 2018 demandant à tous les établissements fournissant des services de planification familiale de collecter, d’enregistrer et de communiquer les indicateurs PPFP tous les mois.
En juillet 2019, les responsables de la santé reproductive des sous-comtés représentant les 128 établissements de santé du comté ont mis en œuvre la directive pendant une année entière en utilisant une plateforme de données personnalisée. Entre janvier et juin 2019, 11,9 % (1 671 sur 14 064) des clientes ont reçu une méthode de planification familiale dans les 48 heures suivant la grossesse, contre 8,0 % (1 196 sur 14 995) des clientes au cours des six mois précédents (juillet à décembre 2018), soit une augmentation de 49 % du taux d’utilisation du PPFP. En outre, sur les 2 867 clientes ayant bénéficié du PPFP entre juillet 2018 et juin 2019, 26 % étaient des adolescentes âgées de 10 à 19 ans, ce qui montre la capacité des structures à toucher les jeunes et les primo parents pour prévenir les grossesses ultérieures non désirées et inopportunes.
Le PPFP est une priorité essentielle pour l’augmentation du taux de prévalence de la contraception moderne dans le cadre de l’engagement du Kenya en faveur de la planification familiale à l’horizon 2020. Cependant, il y a une grande lacune dans la fourniture de services. Seule une femme kenyane sur cinq commence à utiliser une méthode de planification familiale dans les six premiers mois suivant l’accouchement et 36 % utilisent une méthode entre 0 et 23 mois après l’accouchement. Environ la moitié des naissances ont lieu à moins de 23 mois d’intervalle.
Auparavant, les registres des établissements ne comprenaient pas d’indicateurs spécifiques sur les services de planification familiale fournis aux femmes après la grossesse ou ils étaient enregistrés de manière ad hoc. À partir de juillet 2017, le partenaire local de l’AFP, Jhpiego, et le groupe de travail technique de planification familiale existant du comté de Migori ont pris des mesures sur la question, après un effort réussi dans le comté de Makueni la même année.
En septembre 2017, le groupe de travail a formé un sous-comité PPFP composé de coordinateurs de la santé reproductive, de responsables de la santé au niveau des comtés et des sous-comtés, de partenaires régionaux de la planification familiale et d’un représentant du ministère de la santé du comté. Le sous-comité s’est réuni pour se mettre d’accord sur les indicateurs proposés, développer une plateforme de données personnalisée, fournir une orientation aux prestataires de soins de santé et effectuer des contrôles de qualité sur les rapports.
La plateforme du comté comprend un ensemble d’indicateurs de base qui permettent de suivre le nombre de clientes recevant une méthode de planification familiale après l’accouchement dans les 48 heures (avant la sortie), les 3 jours et les 6 semaines. Un autre indicateur permet de suivre le nombre de femmes enceintes conseillées en matière de planification familiale post-partum. Ces indicateurs coïncident avec les indicateurs post-grossesse recommandés par l’Organisation mondiale de la santé. Le département kenyan du suivi, de l’évaluation et de l’informatique du secteur de la santé (anciennement l’unité du système d’information sur la gestion de la santé) a approuvé la même série d’indicateurs à inclure dans le système d’information national.
Désormais, d’un simple clic, les équipes sanitaires des comtés peuvent accéder aux données et les examiner dans le cadre de la planification d’activités telles que les formations PPFP, l’achat et la distribution de fournitures et le suivi des performances.
Avec le passage à l’échelle nationale en cours et le soutien financier de la Banque mondiale et du Fonds mondial, le département du suivi, de l’évaluation et de l’informatique du secteur de la santé travaille à la révision, à l’impression et à la diffusion de registres et d’outils de reporting avec les nouveaux indicateurs du PPFP d’ici octobre 2019.